
M’enfin ? Si l’on ne peut plus dire « insolence » ou « perturbe le cours », comment vais-je signaler le comportement non adéquat d’un élève en cours ?
De bien des manières, beaucoup plus précises et moins ambigües !
Vous êtes enseignant(e) et vous avez exclu de cours un élève qui vous a manqué de respect, qui a désobéi ou vous empêche tout simplement de faire cours ! Pris par le temps, agacé, vous prenez rapidement un formulaire ou un morceau de papier et vous écrivez d’un trait rageur l’un de ces deux mots : « insolence » ou « perturbe le cours ».
La personne à la Vie Scolaire qui récupère le jeune récalcitrant lui demande : « que s’est-il passé ? » et là, l’adulte reçoit en premier la version de l’élève qui…. Correspond rarement à la véracité des faits tels qu’ils se sont déroulés. Et si l’enseignant ne passe par la Vie Scolaire pour expliquer et décrire ce qui s’est passé (cela arrive près d’une fois sur deux !!), l’élève a le temps de tourner la situation en sa faveur que ce soit auprès de l’adulte qui l’a réceptionné en sortant du cours ou auprès de ses parents.
Et qui est remis en cause le premier ?

L’enseignant ! qui était de mauvais poil, qui a mal compris, qui prends en grippe l’élève, qui ne sait pas gérer sa classe, etc….. Celui-ci perd une énergie folle à expliquer le bien-fondé de la sanction ou de l’acte d’exclusion posé, mais c’est trop tard : le soupçon pèse sur l’enseignant et non sur l’élève, c’est l’adulte qui se justifie et non le jeune qui s’excuse !
Une solution simple pour remettre les choses à l’endroit : bannissez ces 2 mots de votre vocabulaire ! Ils sont fourre-tout et ambigus !
Ecrivez une phrase de description simple de ce qui s’est passé : soyez factuel et clair. Par exemple :
- « m’a répondu fait chier quand je lui ai demandé de changer de place »
- « m’a dit nique ta mère car je lui ai enlevé 2 points »
- « a jeté son devoir en boule à la poubelle car il était mécontent de sa note »
- « S’est levée et a mis une claque à sa voisine »
- « sifflote ou fait des bruits bizarres à chaque fois que je tourne le dos »
- …..
Bref, vous pouvez continuer la liste : pas besoin d’être Sherlock Holmes pour comprendre le manque de respect et en quoi cela perturbe un cours et empêche d’enseigner. Cela prends une minute de plus de l’écrire et vous économisez des heures de tractations pour justifier vos actes. Peu de parents montent au créneau lorsque les motifs des sanctions ou des actes d’exclusions sont factuels, clairs et précis !
Il n’y a pas d’interprétation, le jeune ne peut pas renverser la charge de la preuve : c’est à lui d’expliquer son comportement et non à l’enseignant de justifier ses actes.

Pour illustrer mon propos, je vais vous raconter une histoire : il fut un temps où la mode pour les adolescents garçons était de porter le pantalon sur la limite dodue du fessier, très en-dessous de la taille. Cela donnait un air « bagguy » mais avait un inconvénient majeur : la loi de la gravité rappelait régulièrement le pantalon à l’ordre qui se trouvait tout à coup sur les chevilles ! Combien d’élèves se retrouvaient en caleçon dans la cour de récréation ou en classe à la faveur d’un éternuement ou d’un éclat de rire !! Avec mon chef d’établissement, nous passions notre temps à demander aux garçons de réajuster leur pantalons pour éviter ce genre de situation. Comme certains en avaient assez, ils décidèrent de me provoquer : à l’heure de la cantine, trois compères montrèrent leurs collections de caleçons à travers la porte vitrée du self. Je les ai mis en retenue en notant comme motif sur le bulletin de sanction : « colle ses fesses en caleçon sur la porte vitrée de la cantine ».
Curieusement, pas un seul parent n’est venu se plaindre de l’incongruité de la chose et les jeunes sont tous venus faire leurs heures de colle : l’un deux m’a boudée pendant 2 mois car c’était la seule sanction de son dossier scolaire…..